Les Contours Farouches
Delphine Coindet (FR)

Les Contours Farouches

  • (Photo: Annik Wetter)
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Delphine Coindet (FR)

Les Contours Farouches

March 17May 7, 2011  |  Evergreene (Geneva)

Cette nouvelle exposition de Delphine Coindet se joue des fantômes et des apparitions. L'artiste, explorant une fois de plus l'acception la plus étendue de la pratique du collage, n'hésite pas à utiliser ses pièces plus anciennes, les déstructurer, les réactiver, les ré- assembler, les mélanger.

La géométrie axiale de la galerie est soulignée par trois pièces X, Y, Z. Des plaques découpées donnent des points de repères logiques à la perception de l'espace d'exposition autant qu'ils la troublent par des effets de matières et de formes. Les murs recèlent ainsi des passages secrets, des caches et des recoins. Dans la grande salle, des voix semblent avoir été figées dans des collages et des photographies sous plexiglas agglutinés sur un pilier. Les images de la colonne parlante et leur configuration singulière proposent autant de cadavres exquis, moments de suspens de la logique et de jaillissement poétique.

Un poudrier surdimensionné est ouvert contre un mur, révélant un tas de matériaux hétéroclites écrasé sous une structure géométrique semi-transparente. Il semble être tombé des mains de la danseuse qui se cambre dans son cadre argenté. La ballerine, art déco, au centre du mobile Demeter rompt violemment avec le cadre métallisé et luminescent qui l'entoure, comme ces figures historiques dont le mode de vie ne devait rien avoir de commun avec le quotidien actuel des bâtisses qu'ils hantent encore parfois.

Deux êtres fantastiques parcourent les lieux. Assis sur une pile de demis cercles colorés, le sphinx se reflète sur une surface lustrée à la forme métaphysique alors que, plus loin, le cyclope laisse trainer les yeux de son ample vêtement.

Dans la petite salle, entre des lamelles miroitantes disjointes, est alignée une collection d'objets effilés allant du sabre de samouraï en bois aux baguettes de percussionniste. Le reflet de nos désirs et fantaisies est assez cruel dans ce rêve de singe. Enfin dans le bureau, la pratique du paysage synthétise de manière faussement candide l'ambition mimétique et déconstructiviste de la vision de l'artiste.

Si cette exposition permet à l'artiste de nous faire croire aux fantômes, ces formes fragiles inédites à l'apparition soudaine, la simplicité avec laquelle Delphine Coindet s'autorise à manipuler ses oeuvres, nous encourage, plus encore, à penser l'art comme un espace poreux à l'imaginaire.

Samuel Gross