Real Rural Romantic
Jérémie Gindre (CH)

Real Rural Romantic

 
Jérémie Gindre (CH)

Real Rural Romantic

September 14October 28, 2006  |  Evergreene (Geneva)

The art of Jérémie Gindre entertains a close relation with reality. The exhibition presents a set of work in the like of pen drawn scientific sketches : alpine horizon, Caussols plateau and CenterParcs. These distinctive subjects / topologies are shown side by side, although there is nothing in common between the folkloric Alpes, a terrain privileged by geologists and a facsimile of nature constructed under a dome. Next to these earthy visions – illusions of reality –plastic ivy is falling from the ceiling in the manner of stalactites.

The exhibition is thus presented under the realm of reality and scenery, of objectivity and fiction. 

« La Voie (Stonehenge 4A+) » and « La Grande Bâche Mystérieuse », both large scale works, seem also to utter the notions of reality and scenery. 

« La Grande Bâche Mystérieuse », a simple canvas cover, is a good example of this devilish marriage : a hidden thing is mysterious. Implacably evident, this sculpture is an artificial construction aimed to trigger the imagination of the viewer. 

 « La Voie (Stonhenge 4A+) », made from elements used in climbing, draws on the wall a coded motif, evocating the symbols that one can often see on corn fields, T.V. thrillers and Sci-Fi illustrations. 

The understanding of this shape proceeds from the study of a climbing route as much as from a mystical training. However, what seems to be a symbol is the plan of Stonehenge, whose original meaning is forever lost. 

The artist finally presents a set of sculptures consisting of china reproduction of pebbles placed on a linoleum that imitates floorboards («  La main de l’homme »). 

Dans une parfaite ellipse dont l’archéologie des formes et les contes pour enfants sont les termes, cette sculpture est à la fois celle du surinvestissement spirituel et celui de l’« absolument » prosaïque. 

It confronts geology and minimalism, the first fire techniques and a presse-papier, the world of Zen gardens and the absurd of a pebble sculpture made out of clay. Confronting reality and fiction, Jérémie Gindre holds an amused vision of our time, offering us at times strange situations where the simulation of a nature favourable to leisure is close to the synthetic plateau of Caussols.  

Si « La Voie » recouvre des polarités bien opposées (ésotérisme et archéologie), nombre d’individus parviennent aisément ce grand écart socioculturel. 

This « biocyberzentech » work refers with humour to contradictory aspects. It could represent the ethnologic portraits of those who manage to reconcile profit and Zen, extreme sports and contemplation, i.e., those who meditate wearing hemp Nikes with breathable soles.   

Jérémie Gindre manages to construct a language capable of synthesizing diverse evolutions and contradictions which underline our strange world. Fiction seems to build itself in order to give meaning to the most absurd cultural phenomenon.  

To keep in mind : the release of the book « La Grande Bâche Mystérieuse » by l’Esba de Genève with an essay by  Julien Fronsacq.


L’œuvre de Jérémie Gindre semble entretenir une relation spécifique au réel. Pour preuve, l’exposition comprend une série de tableaux comme autant de schémas scientifiques dessinés au stylo : relief alpin, du plateau de Caussols et d’un CenterParcs. Ce sont pourtant des sujets et des topologies bien distinctes qui se trouvent côte à côte. Rien de commun en effet entre le pittoresque Alpin, un terrain privilégié par les géologues et enfin une nature construite de toutes pièces sous un dôme.

Pourtant dans la même salle, à côté de ces visions terrestres - véritables carottages de réel, du lierre en plastique tombe du plafond tels des stalactites. Or, ces végétaux s’avèrent d’improbables découvertes biologiques qui n’ont rien à envier à un restaurant aux murs crépis et fausses poutres. L’exposition se présente donc simultanément sous le sceau du réel et du décor, de l’objectivité et de la fiction.

« La Voie (Stonehenge 4A+) » et « La Grande Bâche Mystérieuse », les deux œuvres de grande échelle de l’exposition semblent également articuler ces notions de réel et de décor. 

Simple bâche plastique, « La Grande Bâche Mystérieuse », comme son titre l’indique, est un bon exemple de ce diabolique mariage. Est mystérieux ce qui est dissimulé. Implacablement évidente, cette sculpture est une construction artificielle destinée à la projection imaginaire du spectateur.

« La Voie (Stonhenge 4A+) » constituée d’éléments destinés à l’entraînement de l’escalade dessine au mur un motif codé évoquant les symboles que l’on voit régulièrement apparaître dans les champs de blés, les thrillers télé ou encore les illustrations SF. Ainsi, la lecture de cette forme procède autant de l’étude d’un parcours à grimper que d’un apprentissage mystique. Pourtant, ce qui semble être un symbole s’avère être le plan de Stonehenge, objet séculaire à la signification perdue à tout jamais. 

L’artiste présente enfin une série de sculptures consistant en la reproduction en porcelaine de cailloux posés sur un linoléum imitation parquet («  La main de l’homme »). Dans une parfaite ellipse dont l’archéologie des formes et les contes pour enfants sont les termes, cette sculpture est à la fois celle du surinvestissement spirituel et celui de l’« absolument » prosaïque. Elle confronte la géologie et le minimalisme, la première technique du feu et le presse-papier, le monde des jardins zens et l’absurde d’une sculpture de cailloux en céramique. Confrontant malicieusement réel et fiction, Jérémie Gindre porte un regard amusé sur notre époque tant il est vrai qu’elle nous offre parfois des spectacles bien étranges où la simulation de la nature propice au loisir est proche du synthétique plateau de Caussols.

Si « La Voie » recouvre des polarités bien opposées (ésotérisme et archéologie), nombre d’individus parviennent aisément à ce grand écart socioculturel. Cette œuvre « biocyberzentech » indexe avec humour le contradictoire et pourrait être le portrait ethnologique de ceux qui parviennent à concilier rentabilité et zen, sport à sensation et recueillement, c’est-à-dire ceux-là mêmes qui pratiquent la méditation avec une paire de chaussures Nike en chanvre à semelle respirante.

Jérémie Gindre parvient donc à construire un langage capable de synthétiser diverses évolutions et contradictions qui sous-tendent notre monde parfois étrange. La fiction semble se construire afin de redonner du sens aux phénomènes culturels les plus absurdes.

Julien Fronsacq.