Back to Zero
Christian Robert-Tissot (CH)

Back to Zero

  • (Photo: Annik Wetter)
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Christian Robert-Tissot (CH)

Back to Zero

March 18May 8, 2010  |  Evergreene (Geneva)

Ceux qui voudraient vous expliquer sérieusement le travail de Christian Robert-Tissot, vous aviseraient sans doute d’entrée que l’artiste utilise divers supports (peintures sur châssis, peintures murales, drapeaux, néons, enseignes publicitaires, barrières…) et investit des lieux particuliers (écoles, places publiques, centres d’art…), par des mots, des expressions, des locutions anodines ou populaires qui deviennent souvent poétiques, polysémiques, parasitaires, pertinentes et parfois simples plaisanteries…

Après cette petite envolée lyrique, on vous captiverait, vous exposant comment l’œuvre de Christian Robert-Tissot participe de cette réflexion autour du Shaped Canvas et de l’idée de Malévitch d’atteindre le degré Zéro de la peinture.

« En effet, il est intéressant de voir comment l’artiste joue, grâce au langage, avec les limites de la Radical Painting… Voyez-vous, les objets créés par Christian Robert-Tissot flirtent entre une peinture abstraite, auto-référentielle et généralement monochrome, tout en pointant les limites de l’histoire de cette peinture grâce à son humour et ses subtilités de langage… »

On vous analyserait ensuite comment Back to Zero est une sorte de retour aux sources pour l’artiste qui revient à son premier support : la peinture sur toile. On vous ferait éloge de ces œuvres qui sont toujours plus que de simples peintures…

« Il n’y a plus de hiérarchie entre le texte et la peinture, qui fonctionnent simultanément. À l’inverse des artistes conceptuels qui pensent le langage et l’objet artistique comme deux réalités différentes. Néanmoins, ce n’est plus une simple surface mentale, mais un véritable objet en trois dimensions que nous propose ici l’artiste. »

Enfin, on vous achèverait, portant à votre attention que la finesse de Christian Robert-Tissot et son attraction pour les double sens s’expriment sans doute jusque dans le choix du titre de l’exposition…

« Car ce titre, Back to Zero, pointe aussi un certain recul ironique concernant ce fameux degré zéro de la peinture ! A-t-il jamais existé ? Peut-être est-il temps de revenir sur la question. »

Et tout cela serait stricte réalité, sauf que la réalité est triste. Néanmoins, et malheureusement pour nos orateurs éclairés qui viennent de vous faire l’article, Back to Zero est quasiment tout… sauf triste !

Je conseille donc d’abandonner ici le discours scientifique, puisque nous vivons une époque dans laquelle Non of your Goddamn business ou Cool prennent certainement sens en chacun de nous, sans avoir recours à une trop large analyse.

Christian Robert-Tissot nous fait cadeau d’une exposition franche et libre malgré un brin de désenchantement (car Raw et Do not feed the pigeons sont loin d’être des œuvres pops et insouciantes). Suivons donc le conseil de cet immense Ego qui invite à ne parler que de soi lorsque l’on déambule dans l’exposition.

Christian Robert-Tissot nous offre une totale impunité dans la lecture de ses œuvres. Profitons-en ; c’est rare et tellement agréable de laisser dériver ses pensées sans avoir à rechercher la bonne réponse !

Back to Zero, c’est le mépris profond envers cette idée du sens pré-établi, du sous-titrage de l’oeuvre qui serait détenus uniquement par l’artiste et quelques élites.

Chloë Gouédard